Mirage inférieur

au-dessus de l'eau





1. Estuaire de la Seine

Un mirage inférieur peut survenir aussi bien au-dessus de l'eau que du sol, et l'estuaire de la Seine au Havre a offert ce phénomène spectaculaire en décembre 2010 avec une duplication de l'image des cuves d'hydrocarbures de son port au lever du jour (1.1 et 1.2).



1.1


1.2 détail de l'image 1.1.



2. Mer Méditerranée

À Agde dans l'Hérault, le Mont Saint-Loup, vu à une distance de 46 km, semble flotter au-dessus de l'eau de la Méditerranée lors d'un mirage inférieur particulièrement marqué (2.1). La comparaison avec une situation sans mirage (2.2) observée exactement au même endroit montre que, dans ce cas, le niveau de la mer est situé au-dessus du niveau avec mirage : en cas de mirage inférieur l'horizon optique est réduit. L'alignement des images a été effectué en considérant comme point fixe la structure en béton (écluse ?) située à peu près au milieu du cadre.

Le même jour que le mirage du Mont Saint-Loup, quelques heures plus tôt, le Fort Béar situé à l'extrémité est des Pyrénées a montré lui aussi un fort effet de mirage inférieur depuis la plage de Port-la-Nouvelle (Aude) située à 55 km (image 2.5). Un phénomène similaire a aussi été observé ce même matin pour la falaise du Cap Leucate à 10 km (2.3, à agrandir en cliquant sur l'image puis se déplacer avec la barre inférieure) et pour les maisons de Leucate à 9 km (2.4). Ces trois observations effectuées le même jour (Mont Saint-Loup, Fort Béar et Leucate) indiquent d'une part que les niveaux isothermes étaient étendus sur toute la surface de la mer (Leucate est au sud et Agde au nord-est), et d'autre part que le phénomène a duré pendant plusieurs heures en des lieux distincts.

Dans le cas du mirage du Cap Leucate (2.3), les signes + de part et d'autre de la ligne de symétrie correspondent aux images supérieure et inférieure. D'après leur écart à cette ligne, il apparaît que la partie inférieure inversée de la zone de mirage est moins grande que la partie supérieure droite. Le même effet est observé dans l'image 2.1.

Le mirage inférieur observé pour l'extrémité orientale des Pyrénées en ce jour de février 2022 à Port-la-Nouvelle a pu être comparé à la situation hors mirage vue le mois précédent : les images 2.6 et 2.7 montrent la différence d'aspect que peuvent avoir des sommets lointains en fonction de la présence ou pas de mirage. Néanmoins, les deux observations n'ont pas été effectuées depuis exactement le même point, la différence est de l'ordre de quelques mètres.


Le Mont Saint-Loup (Hérault) depuis l'Île Sainte-Lucie (Aude) à 46 km


2.1 Avec mirage
(février 2022).


2.2 Sans mirage
(mai 2022).

Leucate depuis Port-la-Nouvelle (Aude), février 2022


2.3 Cap Leucate.


2.4

2.5 Le Fort Béar (Pyrénées-Orientales) depuis Port-la-Nouvelle (Aude) à 55 km
(février 2022).


2.6 Les Pyrénées depuis Port-la-Nouvelle (Aude), février 2022.


2.7 Les Pyrénées depuis Port-la-Nouvelle (Aude), janvier 2022.


3. Océan Atlantique

Pays Basque

A l'extrémité occidentale des Pyrénées, quelques mois plus tard sur la façade atlantique, un ensemble d'immeubles de la ville espagnole de Hondarribia montre une remarquable ligne de symétrie par une chaude journée d'été (3.1). Encore plus loin, à une centaine de kilomètres vers Bilbao, le Mont Sollube (683 m) apparaît comme flottant au-dessus de l'océan (3.3), de même que les sommets Burgo Mendia (451 m) et Asnabarra Mendia (434 m) situés à quelques kilomètres vers le nord (3.4).



3.1 Hondarribia (Espagne) vu depuis Bidart à 18 km (Pyrénées-Atlantiques, juillet 2022).


3.2 Les montagnes de la côte espagnole à l'ouest de San Sebastián vues depuis les Pyrénées-Atlantiques (Bidart, octobre 2012).


3.3 Le Mont Sollube (Espagne) vu depuis Biarritz à 98 km (juillet 2022).

3.4 Burgo Mendia (451 m) et Asnabarra Mendia (434 m), au nord du Mont Sollube (Espagne), vus depuis Biarritz (octobre 2024).


Côte landaise

Même observation pour la côte landaise vue depuis Biarritz en 3.5 où des bâtiments semblent édifiés sur une bande de terre alors que la zone bleu clair sous eux est une image secondaire et inversée du ciel qui les surmonte.



3.5 La côte landaise depuis Biarritz
(juillet 2022).


3.6 Même site que dans 3.5 vu depuis la plage de Tarnos (Landes, septembre 2025).

3.7 Capbreton et Soorts-Hossegor vus depuis l'embouchure de l'Adour à 15 km (Landes, janvier 2024).


3.8 Même site que dans 3.7 vu depuis la plage de Tarnos (Landes, septembre 2025).


Le sémaphore de Messanges dans les Landes est parfois visible depuis Biarritz situé à 37.5 km et, quand les conditions atmosphériques sont très bonnes, il peut être détecté à l'œil nu. L'image 3.9 est la situation habituelle sans mirage mais, dans les images 3.10 à 3.12, un mirage inférieur apparaît à sa base. En plus de l'image secondaire inférieure, on observe un étirement vertical du pylône blanc. La variation de hauteur du pylône (mesurée à partir du contact de sa base avec la forêt) est de 0,7' entre les images 3.9 et 3.10. Dans la composition d'images 3.14, comme il n'existe pas de repère fixe pour un positionnement absolu des photographies, leur alignement a été effectué par rapport à la base du pylône pour une visualisation plus aisée de son étirement. Les observations 3.9 à 3.13 ont été effectuées depuis le même site à une altitude de 33 m.

L'image 3.15 a été effectuée dans des conditions très différentes depuis la plage de Tarnos (Landes) à une distance d'environ 31 km du sémaphore, à une altitude d'environ 1 m. Le poste d'observation du sémaphore apparaît très étiré et avec une image inférieure inversée. Celle-ci montre une hauteur plus faible que pour l'image supérieure droite : la hauteur entre la ligne de symétrie (trait noir) et la vitre d'observation (trait blanc) est de 0.9' pour l'image inférieure et de 1.4' pour l'image supérieure. Le même effet a été observé au bord de la Mer Méditerranée dans les images 2.1 et 2.3.


Sémaphore de Messanges (Landes) depuis Biarritz


3.9 Sans mirage, novembre 2024.


3.10 Avec mirage, octobre 2024.


3.11 Avec mirage, novembre 2024.


3.12 Avec mirage, mars 2025.

3.13 Avec mirage pour la côte landaise uniquement, depuis le même site que pour les images 3.9 à 3.12, juin 2025.


3.14 Composition des images 3.9, 3.10, 3.11 et 3.13.


3.15 Tarnos (Landes, septembre 2025)



4. Marais

Quelle que soit l'étendue d'eau, un mirage inférieur peut survenir si le profil vertical de la température est adéquat, c'est-à-dire si elle diminue suffisamment vite avec l'altitude. Le phénomène peut donc être observé au-dessus d'un lac ou d'un étang, et ce fut le cas au Marais d'Orx dans les Landes par une chaude journée de septembre 2024 (image 4.1) et une autre plus fraîche un an plus tard (4.2 et 4.3). Des oiseaux situés à 1.3 km de l'observatoire ont été vus accompagnés d'une deuxième image, sous eux et inversée. Il s'agit d'aigrettes garzettes dans 4.1, et probablement de spatules blanches dans 4.2 et 4.3.

Il ne peut s'agir d'un simple reflet car l'eau n'est pas stagnante : bien que le courant soit très faible (des vannes alimentent ou vident le marais selon les nécessités), il y a toujours un léger mouvement de la surface de l'eau dû soit au vent, soit au déplacement des innombrables oiseaux qui font étape dans la Réserve Naturelle du Marais d'Orx. La surface du marais n'est donc jamais étale. De plus, les reflets sur des étendues d'eau naturelles ne sont jamais des copies conformes à l'image originale en raison des légères ondulations inévitables de la surface.

Au premier plan de 4.1, un héron cendré semble insensible aux subtilités de l'optique géométrique derrière lui mais sa grande expérience dans la captation de proies immergées dans l'eau est probablement une forme de connaissance empirique de la loi de Snell Descartes pour viser juste.


Marais d'Orx (Landes)


4.1 Septembre 2024.


4.2 Septembre 2025.


4.3 Septembre 2025.




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