Cette page présente des observations de mirages distincts du mirage inférieur mais constituant des variantes plus ou moins complexes du mirage supérieur. Les différences entre ces événements résident dans la structure de la couche supérieure dont la température est plus élevée que celle au niveau de l'eau, dans la position du point d'observation au-dessus ou au-dessous de cette couche, et dans l'existence d'images multiples et de déformations variées. Le panel est vaste et permet d'apprécier la grande diversité des phénomènes optiques associés à une atmosphère non standard. Les observations avec les photographies les plus spectaculaires sont accompagnées par un astérisque dans la liste ci-dessus, les plus rares et extraordinaires étant les n° 5 et 11.
Dans la configuration la plus simple du mirage supérieur, une couche d'air chaud est située au-dessus de la couche d'air en contact avec le sol, et la source (montagne, phare, bateau) est située sur l'horizon. Le mirage supérieur comporte alors deux images : une image droite sur l'horizon et, au-dessus, une image inversée. Mais quand la source est le Soleil, une différence majeure existe dans la propagation des rayons lumineux : avant de subir ce qui peut s'apparenter à un mirage supérieur, ceux-ci doivent traverser du haut vers le bas la couche avec inversion du gradient de température. De plus, comme sa position n'est pas fixe mais qu'il s'élève (dans le cas d'un lever) ou s'abaisse (dans le cas d'un coucher), le phénomène prendra une apparence très variable au cours de son déplacement.
L'évolution du phénomène étant symétrique dans le cas d'un lever et d'un coucher, et inversée chronologiquement, seul le cas le plus simple pour un coucher du Soleil est présenté dans la figure 1. Avec un point d'observation situé au niveau du sol, ou de l'eau, le Soleil est d'abord au-dessus de la couche d'inversion du gradient de température, puis il passe sous ce niveau et, enfin, disparaît sous l'horizon. Le phénomène commence par une configuration à une image (S1 droite, figure 1a), se poursuit avec trois images (S1 très comprimée, S2 inversée et S3 droite, figure 1b) et se termine avec deux images (figure 1c). Cette séquence concerne les observations n° 1, 7 et 12. Les autres mirages comportent plusieurs niveaux d'inversion ou ont des caractéristiques très différentes pour l'évolution de la température avec l'altitude.
Figure 1
Ces phénomènes peuvent être causés par une augmentation de la température de plusieurs degrés par rapport aux jours précédents. Comme cette chaleur soudaine subie par les basses couches de l'atmosphère n'affecte pas immédiatement l'océan en raison de son délai supérieur pour élever sa température, une couche chaude se forme à quelques dizaines ou centaines de mètres d'altitude, situation propice à l'apparition d'un mirage supérieur car la température augmente avec l'altitude au lieu de diminuer régulièrement. L'examen de la température au niveau du sol, pour plusieurs mirages observés au-dessus d'une étendue d'eau, est disponible dans la page sur le lien entre les mirages et la météorologie. Il met en évidence que ces phénomènes surviennent quand se produit une augmentation de la température de plusieurs degrés par rapport aux jours précédents.
1. Mirage à trois images (Biarritz, mars 2022)
En mars 2022 à Biarritz, alors que le Soleil s'abaisse sur l'horizon, une image inversée et une image droite sont apparues sous lui (composition d'images 1.5). Le point d'observation est situé au bord de l'Océan Atlantique à une altitude d'environ 2 m. La visibilité de la séquence est un peu perturbée par la présence de bandes nuageuses mais l'évolution montre bien de haut en bas :
- l'image première (droite) du Soleil (notée S1 dans 1.1) dans les images 1.1 et 1.2, ainsi que dans les quatre images de la première ligne de la composition 1.5, absente ensuite en 1.3 et 1.4 ;
- une image inversée (S2) qui subsiste jusqu'à la fin du phénomène ;
- une image droite (S3) entre cette image inversée et le niveau de l'eau, qui subsiste elle aussi jusqu'à la fin.
Les images ont été alignées sur le Soleil pour une meilleure compréhension, ce qui donne l'impression que les nuages se déplacent vers la gauche alors que c'est le Soleil qui va vers la droite.
1.1
1.2
1.3
1.4
1.5
2. Soleil rectiligne puis compression (Aude, juin 2022)
L'infinie diversité possible pour le profil vertical de température produit des formes et des évolutions toujours très étonnantes. Ainsi en juin 2022, depuis Leucate (Aude), le lever du Soleil a commencé par une fine ligne horizontale (2.1) et s'est terminé par une compression verticale très marquée (2.6). Les photographies ont été effectuées au bord de la mer.
Quatre heures plus tard, un mirage supérieur pour l'extrémité orientale de la chaîne des Pyrénées a été observé depuis Le Barcarès dans les Pyrénées-Orientales (cf. page sur les mirages supérieurs observés au-dessus de l'eau).
2.1
2.2
2.3
2.4
2.5
2.6
3. Déformations variées (Pyrénées-Orientales, juin 2022)
Le lendemain de l'observation n° 2, depuis Le Barcarès (Pyrénées-Orientales), le lever du Soleil a commencé par la même fine ligne horizontale (3.1) et s'est terminé au contraire par un étirement vertical vers le bas (3.10) après avoir montré de petits mirages en forme de décollement du limbe supérieur (3.4 et 3.5), un plateau (3.6) et une forme de champignon au pied très large (3.9) aussi observé en d'autres circonstances (cf. la page sur la réfraction appliquée au Soleil). Comme dans l'observation n° 1, les images ont été alignées sur le Soleil ce qui donne l'impression que les nuages se déplacent vers la gauche alors que c'est le Soleil qui va vers la droite. Les photographies ont été effectuées au bord de la mer.
La séance d'observation ne s'est pas achevée avec l'image 3.10 mais s'est poursuivie par un mirage supérieur spectaculaire pour l'extrémité orientale de la chaîne des Pyrénées. Les photographies sont présentées dans la page sur les mirages supérieurs observés au-dessus de l'eau.
3.1
3.2
3.3
3.4
3.5
3.6
3.7
3.8
3.9
3.10
4. Déformations variées (Haute-Garonne, août 2022)
Des déformations variées du disque solaire peuvent survenir aussi bien au-dessus du sol que d'une étendue d'eau. C'est ce qui s'est produit au lever du Soleil en août 2022 et on retrouve, en 4.4, une forme déjà notée dans deux observations précédentes (images 2.5 et 3.9). Les éléments en avant-plan sont des éoliennes.
4.1
4.2
4.3
4.4
4.5
4.6
5. Deux couchers du Soleils complexes et consécutifs (Biarritz, mai 2023)
Après des déformations variées du disque solaire, quatre segments horizontaux ont été observés dans la phase finale d'un mirage vu en mai 2023 lors d'un coucher de Soleil à Biarritz (composition d'images 5.1 et vidéo 5.4). Un autre mirage a été observé le lendemain depuis le même site (image 5.2 et vidéo 5.5) et il a d'abord présenté une configuration différente avec une image inférieure à la convexité tournée vers le haut. Les photographies ont été effectuées au bord de l'océan à une altitude d'environ 2 m.
Ces images sont extraites de vidéos (voir plus bas) dans lesquelles on constate que deux étapes sont communes aux deux mirages (composition 5.3), dont la présence de lignes horizontales à la fin du mirage. Ceci indique que le profil vertical de température a conservé certaines caractéristiques de sa complexité d'un jour à l'autre.
Les lignes horizontales observées à la fin de l'événement, quatre dans le premier cas et trois dans le second, sont à rapprocher d'un mirage étudié et reproduit par Siebren van der Werf dans son article "Novaya Zemlya effect and Fata Morgana. Raytracing in a spherically non-symmetric atmosphere"1. Une quarantaine d'années auparavant, dans un article intitulé "The Novaya Zemlya effect : An arctic mirage"2, Waldemar H. Lehn avait noté que, dans un mirage de type "Novaya Zemlya", le Soleil pouvait apparaître sous la forme de deux ou trois bandes horizontales. Une observation et une modélisation de ce type de mirage a été effectuée peu après par W. H. Lehn et B. A. German dans leur article "Novaya Zemlya effect : analysis of an observation"3. Enfin, une description de ce type de mirage est aussi donnée dans un autre article, signé par Siebren Y. van der Werf, Günther P. Können et Waldemar H. Lehn : "l'image du Soleil peut être rectangulaire et peut être scindée en plusieurs morceaux horizontaux" ("Novaya Zemlya effect and sunsets4), ce qui correspond assez bien à la fin des phénomènes observés lors de ces deux couchers de Soleil de mai 2023.
5.1
5.2 Le lendemain de 5.1.
5.3 Étapes communes aux mirages 5.1 (gauche) et 5.2 (droite).
5.4 Vidéo
Les images de gauche de la composition 5.3 sont extraites d'une vidéo mais celle affichée ci-dessous n'en est qu'une partie. Elle est incomplète car il manque le début et l'explication est simple : j'ai raté le début car, habituellement, les mirages inférieurs commencent plus tard, quand le Soleil est plus bas sur l'horizon et, ce jour-là, je n'avais pas encore fini la stabilisation de l'appareil photographique quand le phénomène a commencé. Ainsi, la première des images de 5.1 n'est pas dans cette vidéo mais dans celle dont elle est issue et où, pendant presque une minute, le matériel photographique n'est pas suffisamment stable.
5.5 Vidéo
Vidéo réalisée le lendemain de la vidéo 5.4 dont sont extraites l'image 5.2 et les deux images de droite de 5.3 :
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6. Soleil rectiligne (Biarritz, septembre 2024)
Les observations précédentes ont été effectuées au niveau de la mer mais celle-ci l'a été à l'altitude de 33 mètres, depuis l'esplanade du phare de Biarritz en septembre 2024. Cette soirée fut remarquable sur plusieurs points : excellente transparence de l'air, visibilité totale des montagnes espagnoles situées au nord de Bilbao, et le Soleil réduit à une simple ligne lors de sa disparition. Depuis ce point d'observation élevé, la chaine de montagne a été visible sans interruption alors que, habituellement, l'action de la réfraction la montre sous forme de sommets souvent séparés par une étendue d'eau (cf. page sur l'élévation des images). Le panorama visible ce soir-là est présenté dans l'image 6.1 avec les noms des sommets (cliquer sur l'image pour l'agrandir et la déplacer avec la barre horizontale qui apparaît).
Les images 6.2 à 6.5 sont alignées sur les sommets Burgo Mendia (451 m) et Asnabarra Mendia (434 m), "mendia" signifiant "la montagne" en basque.
Le Soleil disparaît à droite d'Asnabarra Mendia, au sommet duquel on distingue faiblement une antenne (6.4). Noter que c'est grâce à la réfraction que ce sommet est visible depuis ce site d'observation (cf. page sur l'élévation des images).
Dans ses derniers instants, notre étoile affiche une forme qui n'a rien de commun avec un coucher habituel : en 6.2, ses deux extrémités sont relevées et, en 6.3 et 6.4, il est réduit à un simple trait horizontal. Il est absent de la dernière image (6.5) mais une ligne horizontale très brillante apparaît juste au-dessus de l'horizon marin. Cette ligne était déjà présente dans les images précédentes et, dans l'image 6.6, qui est un agrandissement de 6.5, une structure plus fine est discernable par la présence d'une ligne horizontale sombre qui la sépare en deux parties sur toute sa longueur. Peut-être s'agit-il du même effet de la réfraction qui s'appliquerait à un groupe de nuages situés très en-dessous de l'horizon marin et dont l'image, comme pour le Soleil, serait très surélevée et réduite à une ligne horizontale.
Le même phénomène d'un Soleil rectiligne a été observé lors de deux levers du Soleil consécutifs en juin 2022 dans l'Aude et les Pyrénées-Orientales (observations n° 2 et 3 ci-dessus) avec des images équivalentes inversées chronologiquement (d'une part 6.2, 2.2 et 3.2, et d'autre part 6.3, 2.1 et 3.1), ainsi qu'en mai 2025 dans les Pyrénées-Atlantiques lors d'un événement exceptionnel dont le compte-rendu est donné ci-dessous dans l'observation n° 11.
Une explication est proposée par Andrew T. Young sur son site https://aty.sdsu.edu. Dans une page consacrée à la modélisation numérique de mirages solaires causés par un chenal optique5, cette forme d'un Soleil aux extrémités relevées et pointues apparaît quand une forte inversion du gradient de température est présente sous le point d'observation.
6.1
6.2
6.3
6.4
6.5
6.6 Détail de 6.5.
7. Mirage à trois images (Landes, février 2025)
Un lever de Soleil rare a été observé au-dessus du sol en février 2025 avec la même configuration que pour le coucher du Soleil de l'observation n° 1. Quelques secondes après l'émergence des premiers rayons, une image supérieure apparaît (7.1) avec le plateau caractéristique du mirage supérieur et une convexité symétrique de celle de l'image droite (7.2, cf. S2 et S3 de la figure 1c). Dans l'étape suivante, une troisième image du Soleil se forme au-dessus de l'image supérieure inversée (7.3). Celle-ci devient finalement l'image unique quand le Soleil s'élève très au-dessus de la couche de température supérieure à celle de la couche au niveau du sol. Ces images sont indiquées dans les photographies 7.3 et 7.6. L'image 7.7 correspond à la fin du phénomène mais la partie inférieure du Soleil (S1) est masquée par un nuage.
Dans 7.1 et 7.2 on pourrait être tenté de désigner S3 comme le "vrai" Soleil car c'est cette image qui apparaît la première avec une forme droite. Néanmoins, la fin du phénomène renverse cette hiérarchie vrai/faux car S2 et S3 disparaissent (7.7) au profit de l'image S1 qui s'élève dans le ciel et pourrait alors être considérée comme le "vrai" Soleil. Il faut donc se débarrasser de la tentation de conférer une valeur privilégiée à l'une des images car toutes sont des images du Soleil, seul change le chemin parcouru par la lumière.
Des correspondances peuvent être établies avec le mirage observé à Biarritz en mars 2022 mais avec une chronologie inversée : 7.2 et 1.4, 7.3 et 1.2, 7.6 et la première image en haut à gauche de la série de 1.5.
7.1
7.2
7.3
7.4
7.5
7.6
7.7
Les images 7.1 à 7.7 sont issues d'une vidéo dont a aussi été extraite la séquence suivante :
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8. Images supérieures multiples (Biarritz, mars 2025)
En mars 2025, un événement remarquable a été observé au bord de l'océan depuis Biarritz (à une altitude d'environ 2 m) lors d'un coucher de Soleil très surprenant. Alors que la chaine de montagne située à une centaine de kilomètres au nord de Bilbao est habituellement invisible depuis cette plage (hormis le sommet du Mont Sollube), elle a subi un double effet : élévation d'au moins une douzaine de minutes d'arc avec étirement vers le haut pour former un plateau.
Les images 8.1 à 8.10 présentent chronologiquement la situation au fur et à mesure de la descente du Soleil au-dessus de l'Océan Atlantique. La luminosité de chaque photographie a été ajustée afin de mettre en évidence des éléments propres à chaque situation ; les images ont été centrées horizontalement sur le Soleil (alors qu'il se déplace vers la droite) et alignées verticalement sur le niveau de l'océan. Les lignes notées 1, 2 et 3 correspondent à trois niveaux dans l'atmosphère où l'indice de réfraction varie de façon abrupte et provoque des effets spectaculaires de mirage.
En 8.1 apparaît une image inférieure du Soleil qui s'agrandit en 8.2. Les images 8.3 et 8.4 montrent, devant le Soleil, une forêt qui occupe le flanc de la montagne éloignée : les arbres sont étirés vers le haut jusqu'à la formation d'une image inversée et d'un plateau (correspondant au niveau n° 1) caractéristique d'un mirage supérieur. À partir de 8.6, le niveau n° 1 est détecté à l'extérieur du Soleil, d'abord à gauche pour la forêt très surélevée avec une image inversée supérieure, puis à droite en délimitant une première zone de confinement des aérosols, mieux visible en 8.9 et 8.10 après la disparition de notre étoile. C'est aussi dans ces deux dernières images qu'il apparaît que le niveau n° 2 correspond à un deuxième niveau de positionnement des aérosols (à droite) ainsi qu'à un second plateau (mirage supérieur pour les arbres à gauche, un peu au-dessus du niveau n° 1). Le positionnement d'aérosols sous une couche d'inversion du gradient de température est expliqué dans un article de Luc Dettwiller "Phénomènes de réfraction atmosphérique terrestre"6.
Cette complexité du profil vertical de température montre qu'il ne s'agit pas d'un simple mirage supérieur mais d'une succession d'inversions du gradient de température. Le niveau n° 3 en est une autre étape vers le haut : il se signale par la perturbation du côté droit du limbe du Soleil dans les premières images de la série.
8.1
8.2
8.3
8.4
8.5
8.6
8.7
8.8
8.9
8.10
Succession verticale de plusieurs images
L'empilement de plusieurs inversions du gradient de température est illustrée de façon plus détaillée dans les deux photographies suivantes. Dans 8.11, le Soleil disparaît progressivement derrière la forêt sur la crête et on compte jusqu'à 6 images superposées de la cime des arbres. Cette photographie est, chronologiquement, placée entre 8.4 et 8.5.
Quant à 8.12, obtenue 21 secondes après 8.10, la présence des niveaux n° 1 et n° 2 révèle la complexité de la situation. Il est probable que i2 soit une image inversée de i1, i3 une image droite symétrique de i2 par rapport au niveau n° 1, et i4 une dernière image supérieure dont la résolution de la photographie ne permet pas de conclure sur son orientation, mais qui permet de visualiser le niveau n° 2.
8.11
8.12
9. Déformations variées (Anglet, avril 2025)
Toute plage largement orientée à l'ouest est propice à des observations nombreuses des couchers de Soleil et la très grande plage d'Anglet (Pyrénées-Atlantiques), comme Biarritz, permet des observations de fin février à mi octobre. En avril 2025, diverses déformations du disque solaire ont été observées depuis la plage, dont une forme, en 9.2, déjà vue précédemment dans les images 2.5, 3.9 et 4.4. Le niveau de cette couche est aussi celui du léger décollement du limbe supérieur dans l'image 9.5. De même, le niveau de l'étirement vers le bas dans l'image 9.1 est aussi celui du léger décollement du limbe supérieur dans 9.4. Il existe donc deux couches d'inversions du gradient de température à des altitudes très différentes.
9.1
9.2
9.3
9.4
9.5
9.6
10. Forte asymétrie puis deux images (Biarritz, avril 2025)
Les couchers de Soleil au-dessus de l'Océan Atlantique ne se ressemblent jamais et des surprises maintiennent toujours très vif l'intérêt et l'attrait de leur observation. Ainsi, en avril 2025 depuis Biarritz, observé depuis une altitude d'environ 2 m au-dessus de l'océan, le bord inférieur du Soleil a semblé bloqué sur un niveau situé à 3.4' au-dessus de l'horizon marin (image 10.4). Quelques instants après, à partir de 10.6, une deuxième image du Soleil apparaît entre ce niveau et l'horizon. En 10.7 et en 10.8, l'image semble symétrique de l'image supérieure droite.
10.1
10.2
10.3
10.4
10.5
10.6
10.7
10.8
10.9
10.10
11. Sept minutes de Soleil supplémentaires (Anglet, mai 2025)
Un phénomène exceptionnel a été observé à Anglet (Pyrénées-Atlantiques) en mai 2025, depuis une altitude d'environ 2 m au-dessus de l'océan. On y retrouve une couche particulière qui rappelle celle notée dans l'observation précédente en "bloquant" l'image droite du Soleil au cours de sa descente sur l'horizon (images 11.2 à 11.5) mais la suite fut rarissime.
En 11.5, le Soleil est réduit à une fine ligne horizontale à 1' au-dessus de l'horizon marin et, dans l'image suivante, une nouvelle image, rectiligne elle aussi, apparaît faiblement entre cette couche et l'horizon. Le fait exceptionnel de cette soirée réside dans la durée incroyablement longue de la séquence 11.6 à 11.9 : sous la forme d'une ou deux lignes horizontales, le Soleil est demeuré visible sept minutes de plus que la veille où seul un très faible mirage inférieur s'était produit. Alors que notre étoile était déjà très en-dessous de l'horizon et qu'elle poursuivait sa descente, cette structure horizontale est demeurée quasiment fixe comme si le temps, historiquement mesuré par la course du Soleil, ne s'écoulait plus, avec cet extraordinaire segment brillant flottant sur l'océan. Cette étrangeté s'est poursuivie par la fusion des deux lignes horizontales (11.8), et leur disparition (11.10). Dans cette dernière image, le contraste a été ajusté de façon excessive afin que, au-dessus des dernières lueurs, on puisse noter la présence d'une ligne sombre, marque discrète d'une inversion du gradient de température comme dans l'observation n° 10.
L'explication réside dans l'augmentation de la température à une certaine hauteur, au lieu de sa décroissance régulière quand l'altitude augmente, ce qui crée un chenal optique ("duct" dans les articles scientifiques en anglais) qui agit comme un guide pour le cheminement de la lumière. En français, on lira avec profit l'article de Luc Dettwiller précédemment cité6.
11.1
11.2
11.3
11.4
11.5
11.6
11.7
11.8
11.9
11.10
11.11 Vue générale à la fin du phénomène
12. Point d'observation sous une couche d'inversion (Biarritz, juin 2025)
Lors d'une soirée de juin 2025 à Biarritz, avant que survienne le phénomène du jour, une indication forte que quelque chose de spécifique pouvait se produire a été donnée par la présence d'une rupture dans la luminosité du ciel au-dessus de l'horizon marin. Suspectant la présence d'une couche chaude très au-dessus de l'océan, j'ai décidé d'effectuer les observations depuis un point élevé afin de bénéficier d'une configuration différente par rapport à une observation au niveau de l'eau. Les observations sont effectuées depuis l'altitude de 48 m, et la situation avant mirage est présentée dans l'image 12.1 : une zone sombre surmonte une bande brillante avec une interface à 14' au-dessus de l'horizon marin. Mais dans les images qui suivent avec le Soleil légèrement au-dessus de l'interface, les niveaux de luminosité s'inversent : la bande inférieure apparaît plus sombre que la partie supérieure.
Au fur et à mesure de la descente du Soleil, son aplatissement augmente et, surtout, c'est son asymétrie qui devient de plus en plus importante (12.2 et 12.3). A partir de 12.3, l'image du Soleil franchit la couche d'inversion du gradient de température et c'est une configuration à trois images qui se met en place. Après une étonnante phase quasiment rectangulaire (12.7), ces trois images deviennent bien identifiables dans 12.8 avec, de haut en bas, une image droite S1, une image inversée S2 et une image droite S3. L'image 12.8 correspond à la même étape que l'image 1.2 pour l'observation n° 1 et 7.3 pour l'observation n° 7. En 12.10 S2 et S3 sont séparées, comme dans 7.2 et 1.4, puis, en 12.11, de faibles lueurs vertes apparaissent au sommet de l'image restante à un niveau qui trouve une correspondance en 12.5.
Cet événement spectaculaire reçoit une explication remarquable dans une des nombreuses simulations réalisées par Andrew T. Young sur son site https://aty.sdsu.edu. Ainsi, dans la page Optical Phenomena of Ducts7 (duct peut être traduit par chenal optique), le chercheur modélise un mirage solaire produit par une couche d'inversion du gradient de température située entre 50 m et 60 m avec une augmentation de température de 2°C et un point d'observation placé en-dessous, à 45 m. Les images 12.2, 12.4, 12.6, 12.8 et 12.9 montrent une correspondance éclatante avec son résultat. Le modèle d'Andrew T. Young prévoit aussi l'apparition d'un rayon vert important à l'emplacement de l'image S2 juste avant sa disparition, c'est-à-dire entre les photographies 12.10 et 12.11. Malheureusement, à cet instant précis, je n'ai pas réalisé de photographie pendant une durée de 3 secondes, une pause regrettable devant l'enjeu de l'instant.
Les travaux d'Andrew T. Young sont en anglais mais une analyse en français est accessible dans un article de Luc Dettwiller, "Propriétés des chenaux optiques, leur chromatisme et ses effets sur la réfraction astronomique"9, dont la figure 10 est tout à fait adéquate pour l'observation présentée ici.
12.1
12.2
12.3
12.4
12.5
12.6
12.7
12.8
12.9
12.10
12.11
12.12
13. Stries horizontales (Anglet, juin 2025)
Deux jours après l'observation n° 12, une structure de l'atmosphère similaire était de nouveau bien visible avant le début du mirage (image 13.1, qui n'est pas à la même échelle que 12.1), mais à une hauteur très inférieure (4'). Le point d'observation est situé à l'altitude de 49 m à Anglet, près de Biarritz, mais le mirage survenu fut complètement différent.
Comme dans 12.1, la bande située juste au-dessus de l'océan dans 13.1 est, de façon évidente, plus brillante que la partie supérieure mais la suite fut différente : selon les photographies, soit la bande inférieure est très légèrement plus lumineuse que la partie supérieure, soit les niveaux de luminosité sont identiques. Cette différence est très faible sur les photographies originales mais imperceptible sur les images affichées ici.
La succession des diverses étapes (13.2 à 13.12) est semblable à un autre mirage présenté dans l'observation n° 5 (images 5.2 et 5.3, et vidéo 5.5). Après la très forte asymétrie du Soleil causée par le niveau d'inversion du gradient de température (13.2 et 13.3), on assiste à la formation d'une image (13.4) à la convexité tournée vers le haut et dont la base repose sur l'horizon marin (13.5 et 13.6), comme dans 5.2. Le phénomène se poursuit avec, dans 13.7, une forme déjà observée dans 5.3 (image en haut à droite) et, dans 13.9, plusieurs stries horizontales ce qui constitue une autre similarité avec 5.3 (image en bas à droite). Le mirage se termine en 13.12 avec une fine ligne qui n'est pas positionnée sur l'horizon marin (où on s'attend à voir disparaître le Soleil comme dans 12.12) mais au-dessus, au niveau de la séparation entre les zones supérieure et inférieure de luminosité distincte dans 13.1 (qui n'est pas à la même échelle).
Un élément supplémentaire doit être relevé : dans 13.5 et 13.6, l'image inférieure est d'un rouge homogène alors que l'image supérieure subit un dégradé du jaune à l'orange. L'effet est aussi visible dans 13.7 où la légère différence de couleur apparaît au niveau de la ligne d'inversion du gradient de température. Ce rougissement de la partie inférieure est causé par la combinaison de deux effets : d'une part la diffusion de la lumière plus importante dans la zone inférieure en raison d'une plus grande accumulation d'aérosols entre l'océan et la couche chaude, et d'autre part le fait que les rayons lumineux évoluant dans cette bande inférieure ont parcouru dans l'atmosphère une distance plus importante que ceux de la partie supérieure, ce qui accroit leur rougissement. Pour plus d'informations, on lira l'article "The Novaya Zemlya effet : An arctic mirage"2 de Waldemar H. Lehn, et la page "Mirages and “Fog”"8 de Andrew T. Young.
13.1
13.2
13.3
13.4
13.5
13.6
13.7
13.8
13.9
13.10
13.11
13.12
14. Point d'observation sous une couche d'inversion (Anglet, juin 2025)
La deuxième moitié du mois de juin 2025 a connu des températures très élevées, parfois caniculaires. Après les observations n° 12 et 13, une configuration similaire est survenue avec une couche d'inversion du gradient de température au-dessus de l'horizon marin, observée depuis Anglet (Pyrénées-Atlantiques) à l'altitude de 49 m. Dans 14.1, comme dans 12.1 et 13.1, une bande brillante est située juste au-dessus de l'Océan Atlantique, surmontée par une zone sombre étendue vers le haut. L'interface entre ces deux milieux est située approximativement à 23', alors qu'elle était à 14' dans 12.1 et 4' dans 13.1. La chaleur excessive de cette période a très certainement beaucoup plus affecté l'atmosphère que l'océan dont la réactivité aux changements de température est plus lente que pour l'air au-dessus, d'où la formation d'une zone chaude en hauteur.
La succession des diverses étapes (14.2 à 14.10) est très différente des observations n° 12 et 13 :
- aucune apparition d'une autre image de dimension importante ;
- présence d'un fort étirement du Soleil vers le bas (14.3 et 14.4) ;
- étirement vers le haut (14.7) ;
- rayon vert à deux instants (agrandissement de 14.9, et de 14.10).
Il faut aussi noter que deux autres couches d'inversion du gradient de température, moins importantes, qui affectent le bord inférieur du Soleil, produisent aussi un effet sur le bord supérieur quand celui-ci passe à leur niveau quelques instants après :
- l'étirement du bord inférieur du Soleil dans 14.3 apparaît à la même altitude (angulaire) que l'étirement du bord supérieur dans 14.7 ;
- le rayon vert de 14.9 survient au même niveau que le petit décollement du limbe inférieur dans 14.5.
Une explication du phénomène est donnée par la même configuration étudiée par Andrew T. Young à laquelle l'observation n° 12 fait référence. Avec une augmentation de température de 2°C entre 50 m et 60, et un point d'observation situé plus bas sous cette couche à 40 m au lieu de 45 m (car l'interface est à un niveau plus haut à 23' au lieu de 14'), l'accord est, ici encore, remarquable avec les images calculées par le chercheur dans la page de son site précédemment citée10. Les photographies 14.4, 14.6 et 14.8 montrent une très bonne compatibilité avec sa modélisation. Comme l'altitude du point d'observation est ici de 49 m alors qu'elle est de 40 m dans la simulation, l'altitude réelle de la couche d'inversion lors de cette observation est donc fort probablement celle de la modélisation numérique augmentée de quelques mètres.
14.1
14.2
14.3
14.4
14.5
14.6
14.7
14.8
14.9
14.10
15. Mirage à deux images (Anglet, octobre 2025)
En octobre sur la Côte basque, le coucher du Soleil ne s'effectue pas toujours derrière l'océan car les sommets des montagnes situées vers Bilbao peuvent s'interposer selon le jour, l'amplitude de la réfraction et l'altitude du point d'observation. Afin de bénéficier d'une disparition du Soleil derrière l'océan, et d'avoir de meilleures conditions pour un mirage, on aura intérêt à observer depuis une position basse (une plage) plutôt qu'un point élevé, située le plus au nord possible, c'est-à-dire plus éloignée des montagnes qui sont à l'ouest-sud-ouest. L'immense plage d'Anglet est l'emplacement le plus adéquat.
Le principal obstacle à l'observation du coucher du Soleil sur l'océan est le Mont Sollube derrière lequel le Soleil disparaît pendant la première moitié du mois d'octobre. Mais lors de l'observation présentée ici, après avoir subi un aplatissement très important et une forte asymétrie (15.1), une partie du Soleil a disparu derrière l'océan (15.4) ce qui a permis de distinguer une deuxième image (15.2), à gauche de la crête sud du Mont Sollube (qui est entièrement visible dans 15.5). Une bande d'absorption accompagne le phénomène.
15.1
15.2
15.3
15.4
15.5
16. Mirage à quatre images (Anglet, octobre 2025)
Le lendemain de l'observation n° 15, depuis le même site, un événement spectaculaire a concerné aussi bien le Soleil à son coucher que les montagnes situées entre San Sebastian et Bilbao. Un mirage supérieur dans une configuration idéale a été observé pour ces sommets et une série de photographies est présentée sur la page consacrée au mirage supérieur vu au-dessus d'une étendue d'eau.
Pour le Soleil, ce phénomène rare est présenté dans les photographies 16.1 à 16.11 et plusieurs particularités sont à noter :
- 16.1 et 16.2 : à l'approche, par le dessus, de la zone avec inversion du gradient de température, le Soleil devient de plus en plus comprimé avec une très forte asymétrie, une caractéristique plusieurs fois rapportée dans cette page ;
- 16.3 : apparition d'une image supplémentaire sous le Soleil ;
- 16.4 à 16.7 : configuration à quatre images (indiquées dans 16.6 avec les lignes de symétrie) ;
- 16.4 à 16.7 : différence très nette de luminosité entre la partie supérieure (image i1, brillante) et la partie inférieure (images i2, i3 et i4, atténuées), comme dans l'observation n° 13 (images 13.5 à 13.7).