Mirage supérieur

au-dessus de l'eau




1. Extrémité orientale des Pyrénées (Le Barcarès, Pyrénées-Orientales, juin 2022)

En juin 2022, dans les Pyrénées-Orientales, un mirage supérieur important a été observé pour les Pyrénées au-dessus de la Mer Méditerranée depuis la plage du Barcarès en direction de Port-Vendres, situé à une trentaine de kilomètres au sud. L'évolution du phénomène est présentée dans la série ci-dessous : les images 1.1 et 1.2 correspondent au maximum du phénomène (avec le plateau caractéristique) quelques minutes après le lever du Soleil dont l'image a subi des déformations variées (cf. photographies) ; dans l'image 1.3 il est très amoindri, et il disparaît complètement dans l'image 1.4 où les reliefs pyrénéens sont difficilement discernables. De façon similaire, dans l'image 1.5, les Pyrénées s'élèvent dans le ciel au lieu de plonger dans la mer. L'alignement des images 1.1 à 1.4 a été effectué, verticalement, sur la ligne de bouées du second plan (bouées rouge, blanche, blanche et jaune) et, horizontalement, sur la bouée rouge et les structures principales du relief en arrière-plan qui apparaît en mirage.

Un fait remarquable autant qu'inattendu est aussi survenu : des images supérieures multiples du phare de la Jetée de Port-Vendres. Très brillants dans l'image 1.1, ces points lumineux sont surmontés, dans l'image 1.2, du mirage supérieur d'un relief situé derrière, au Cap Béar. L'image 1.6 montre une séquence de quatre de ces mirages supérieurs pour le phare. Dans son ouvrage de 1911 L'atmosphère et les grands phénomènes de la nature (disponible sur Gallica1), le vulgarisateur de la science Camille Flammarion mentionne un autre cas de phare avec plusieurs images, celui du Cap Gris-Nez vu depuis l'Angleterre en 1869, dans une configuration qui était toutefois différente (page 151).

Un dernier élément doit être noté : dans les images 1.1, 1.2 et 1.5, l'espace délimité par l'horizon marin et le niveau du plateau est plus sombre que la zone située au-dessus. L'explication est donnée par Luc Dettwiller dans son article "Phénomènes de réfraction atmosphérique terrestre"2 : il s'agit d'une bande où les aérosols sont confinés en raison de la température qui y est inférieure à celle de la couche supérieure.



1.1


1.2
2 min 27 s après 1.1.


1.3
33 min 21 s après 1.1.


1.4
2 h 8 min 10 s après 1.1.

1.5
1 min 9 s avant 1.1.


1.6 Phare de Port-Vendres depuis Le Barcarès à 30 km.



2. Extrémité orientale des Pyrénées (Le Barcarès, Pyrénées-Orientales, juin 2022)

Le jour précédent de l'observation n° 1, un autre mirage supérieur avait été observé depuis le même site (image 2.1). Quatre heures auparavant, le lever du Soleil, observé depuis Leucate (Aude), avait commencé par une fine ligne horizontale et s'était terminé par une compression verticale très marquée (cf. photographies sur cette page).



2.1



3. Océan et bateau (Biarritz, Pyrénées-Atlantiques, février 2023)

Les configurations étant d'une grande variété, l'horizon marin lui-même peut être sujet à un mirage supérieur : une ligne d'eau est apparue comme flottant dans l'air à 1,5' au-dessus de l'Océan Atlantique depuis une plage de Biarritz en février 2023 (images 3.1 à 3.3). On notera que ce mirage supérieur de l'océan n'apparaît pas sur toute l'étendue horizontale des photographies ce qui indique que la température connaît aussi une variation horizontale en plus de son gradient vertical dans une couche d'inversion.

Dans la composition 3.4 réalisée le même jour depuis le même endroit, c'est un bateau qui est l'objet du phénomène et on peut estimer sa variabilité dans le temps car il s'est écoulé 4 min 20 s entre la première et la quatrième image, les quatre étant classées chronologiquement. La dernière image de 3.4 correspond à la situation la plus proche de la normalité (une seule image étirée) mais, dans la première photo de 3.4, on devine deux images droites l'une au-dessus de l'autre. Dans l'image 3.5, dont celle-ci est extraite, la partie complètement à droite contient une très fine image supérieure de l'horizon marin, au même niveau que l'image droite supérieure du bateau qui est complètement à gauche. De plus, l'espace ainsi délimité avec l'horizon marin contient une bande légèrement plus sombre faiblement discernable ; la situation est identique à celle des images 1.1, 1.2 et 1.5 avec des aérosols maintenus dans cette zone en raison de la température plus basse qu'au-dessus. Quant aux 2ème et 3ème photographies de 3.4, la situation est plus confuse avec étirements et images multiples.



3.1


3.2 Détail de l'image 3.1.


3.3


3.4

3.5



4. Montagnes basques du nord de l'Espagne (Biarritz, Pyrénées-Atlantiques, décembre 2024)

Un mirage supérieur rare a pu être observé depuis Biarritz en décembre 2024, le site d'observation étant à l'altitude de 33 m.

Alors qu'aucun mirage ou effet inhabituel de la réfraction n'était présent pour la côte landaise située au nord à 15 - 40 km, un fort étirement avec image supérieure inversée est apparu pour une chaine de montagne située à une centaine de kilomètres à l'ouest, en Espagne, dans la région de Bilbao. Le mirage supérieur n'est pas apparu pour le Mont Sollube (683 m, situé complètement à droite dans les images 4.5 et 4.6), mais plutôt pour la zone située au nord de celui-ci jusqu'au Cap Matxitxako (images 4.1 et 4.3 avec un contraste très faible). La photographie 4.3 montre le plateau caractéristique d'un mirage supérieur avec une image supérieure inversée au-dessus de l'image droite qui est très étirée ; dans l'image 4.1 les sommets subissent un très fort étirement vers le haut. Pour comparaison avec la situation hors mirage, les images 4.2, 4.4 et 4.6 de septembre 2024 correspondent, respectivement, aux images 4.1, 4.3 et 4.5 de décembre 2024. A noter : les sommets Jata Nagusia (598 m, 4.3 et 4.4) et Bustarrigan (561 m, 4.5 et 4.6) sont respectivement en arrière-plan et en avant-plan par rapport à la chaîne de sommets qui relie le Mont Sollube au Cap Matxitxako.

La composition d'images 4.7 de septembre 2024 présente l'ensemble de la chaine de montagne avec les noms des sommets (cliquer sur l'image pour l'agrandir et la déplacer avec la barre horizontale qui apparaît). Les photographies de décembre 2024 sont très floues en raison des turbulences atmosphériques importantes.

L'explication réside dans la présence d'une couche chaude (inversion du gradient de température) à quelques dizaines ou centaines de mètres d'altitude. Un élément météorologique en donne une indication : après plusieurs jours particulièrement frais, une douceur inhabituelle de la température a été ressentie lors de cette journée. Il est donc possible que cet air chaud ait constitué une couche très au-dessus de l'Océan Atlantique qui était resté froid en ce mois de décembre. La température de l'atmosphère, au lieu de diminuer régulièrement au taux de 6.5° C par 1000 m, a alors augmenté à partir d'une certaine altitude et la réfraction, correspondant à un mirage supérieur, a produit ces étirements spectaculaires. Un autre phénomène d'étirement a été observé le lendemain (cf. description sur cette page).



4.1 Garbola (477 m), Burgo Mendia (451 m) et Asnabarra Mendia (434 m), décembre 2024.


4.2 Garbola (477 m), Burgo Mendia (451 m) et Asnabarra Mendia (434 m), septembre 2024.


4.3 Jata Nagusia (598 m) et Garbola (477 m), décembre 2024.


4.4 Jata Nagusia (598 m) et Garbola (477 m), septembre 2024.

4.5 Bustarrigan (561 m) et Mont Sollube (683 m), décembre 2024.


4.6 Bustarrigan (561 m) et Mont Sollube (683 m), septembre 2024.


4.7 Panorama, septembre 2024.



5. Montagnes basques du nord de l'Espagne (Anglet, Pyrénées-Atlantiques, octobre 2025)

En conclusion d'une très belle journée d'octobre, un spectacle exceptionnel a été observé depuis une plage d'Anglet. En fin de journée, avant le coucher du Soleil, une couche de brume importante était installée au pied des montagnes du Pays Basque espagnol. Cette bande d'aérosol masquait les niveaux inférieur du Jaizquibel (image 5.1), sommet remarquable qui domine la baie d'Hendaye, ce qui indiquait qu'un mirage supérieur était possible. En effet, une élévation spectaculaire du Mont Sollube (image 5.5) était décelable à l'œil nu malgré l'éclat éblouissant du Soleil proche.

De façon plus générale, c'est l'ensemble de la chaine de montagne qui a subi une élévation rare, assez similaire à ce qui a été vu en mars 2025 depuis Biarritz. Le sommet Bustarrigan s'est ainsi vu coiffé d'une image supérieure à l'aspect changeant : en 5.3, on distingue le très fort étirement de l'antenne érigée à son sommet (partie droite de l'image), mince filament qui relie l'image droite (en bas) à l'image inversée (au-dessus), et en 5.4, effectuée 4 minutes plus tard et présentée ici à une échelle différente, la configuration est différente.

Le sommet dominant est le Mont Sollube et l'évolution verticale de la température au-dessus de l'océan a conduit aux configurations remarquables de 5.5 et 5.6. D'une part, la comparaison de 5.6 avec son aspect observé le jour précédent (image 5.7, voir photos du coucher du Soleil) permet de déterminer que l'amplitude de l'élévation du sommet est de 6.6' entre ces deux soirées. Les deux observations ont été effectuées depuis le même site mais à une distance de quelques dizaines de mètres, ce qui explique que la bouée visible tout à fait à gauche dans 5.6 soit absente de 5.7. D'autre part, il apparaît que le plateau qui domine souvent un mirage supérieur est ici surmonté par le sommet du Mont Sollube, bien visible dans 5.5, un peu moins dans 5.6. Dans cette photographie, la ligne de symétrie supérieure est dédoublée, à droite comme à gauche, et la continuation des deux niveaux apparaît dans 5.8 et 5.9 avec des images multiples de nuages.

Enfin, parmi les nombreuses images de nuages en miroir visibles dans les photographies 5.8 à 5.10, une configuration à cinq images est présente dans 5.9 : si on considère le point i1 d'un nuage situé sur l'horizon marin, on observe au-dessus de i1 deux images inversées (i2 et i4) et deux images droites (i3 et i5).



5.1 Jaizquibel.


5.2


5.3 Bustarrigan.


5.4 Bustarrigan.


5.5 Mont Sollube.

5.6 Mont Sollube.


5.7 Mont Sollube le jour précédent, même cadrage que pour 5.6.


5.8


5.9


5.9 avec annotations


5.10




Référence :
1 : Camille Flammarion, L'atmosphère et les grands phénomènes de la nature : ouvrage contenant cent cinquante-sept figures insérées dans le texte, Librairie Hachette et Cie, 1911
2 : Luc Dettwiller, Académie des Sciences, Comptes Rendus Physique, Volume 23, Special Issue S1 (2022), p. 103-132, figures 9 à 13




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